Cathédrale Saint-Etienne, Châlons-en-Champagne
La cathédrale Saint-Etienne à Châlons-en-Champagne est méconnue du grand public. Sa façade occidentale, bâtie entre 1628 et 1634, masque un monument dont les parties les plus anciennes datent du XIIème siècle et dont la nef a été réalisée avec constance sur le parti de l’élévation à 3 niveaux du milieu du XIIIe siècle jusqu’à son achèvement au XVIIème siècle.
Depuis sa construction entre 1628 et 1634, la façade de la cathédrale Saint Etienne montre des signes d’instabilité. Malgré des reprises successives au cours des siècles (tirants métalliques en 1770, tirants en béton armé en 1985), le massif n’a jamais été stabilisé.
En 1996, une étude a mis en évidence la faiblesse des fondations en craie et la mauvaise interaction avec le sol d’assise.
Cette étude a conduit à des reprises en sous-oeuvre en deux temps : en 1999-2001, le massif de craie a été conforté par injections de coulis de ciment et, en 2001-2002, les terrains d’assise ont été traités par procédé de jet-grouting.
La campagne de travaux de restauration de 2008 et 2009 dirigée par François Chatillon portait sur trois points : l’achèvement du confortement du massif occidental qui continuait à déverser malgré la reprise en sous-oeuvre réalisée entre 1999 et 2002, la restauration du vaisseau central de la nef avec la réintégration des polychromies subtiles d’ocre jaune et de joints blancs sur le modèle Chartrains et, enfin, la création de mobilier liturgique avec le concours de l’artiste-peintre Hamid Tibouchi.
« Quand mon ami François Chatillon m’a parlé du projet de meubles liturgiques qu’il devait dessiner pour la cathédrale Saint Etienne de Châlons-en-Champagne, et de son souhait de m’en confier le travail de décoration sur le thème de la Résurrection, la première chose qui m’est venue à l’esprit, c’est cette métaphore de Ramuz de la graine qui germe et qui pointe ses petites feuilles vertes hors de la terre. Y a-t-il plus belle image pour symboliser non seulement la renaissance, la vie, mais également la nourriture, puisque la graine se transforme en épi de blé qui sera à son tour transforme en pain par l’homme pour fortifier son corps et ouvrir aussi son esprit à la nourriture du Verbe ? Ainsi s’écrit depuis des millénaires, au fil ininterrompu du cycle des saisons, sur l’immense palimpseste de l’humanité, l’histoire de la mort des corps et de la résurrection des esprits.
J’ai donc travaillé sur cette idée de palimpseste, d’accumulation de signes ou plutôt de traces de pinceau évoquant la graine et l’épi de blé ».
Hamid Tibouchi